Voici un article intéressant de Ignace REINHART
UNE SOUCHE… C'EST QUOI ?
Quel que soit l'élevage animal (chien, chat, oiseaux ou autre), il n'y a pas d'homogénéité dans une souche sans consanguinité; il reste à l'éleveur à organiser cette consanguinité. S'il est vrai qu'en élevage consanguin on peut fixer des caractéristiques précises et voulues, on peut également fixer des caractères indésirables.
Par ailleurs, en accouplant des individus en parentés très proches, on aboutit rapidement à une situation où l'on perd la fécondité de la souche, ce qui nous oblige à réintroduire du sang neuf.
L'ÉLEVAGE EN CONSANGUINITÉ PROCHE :
Je voudrais aborder l'élevage en consanguinité proche, pour pouvoir, par la suite, voir son utilité et ses défauts.
Pour cela, on procède de la façon suivante : On choisit les meilleurs spécimens mâle et femelle disponibles pour les accoupler; les jeunes obtenus feront la première génération appelée G1.
Dans les jeunes G1, on choisit :
- la meilleure femelle que l'on accouple avec le mâle d'origine, son père.
- le meilleur mâle que l'on accouple avec la femelle d'origine, sa mère.
Les jeunes obtenus feront la deuxième génération G2.
Dans les jeunes G2, on choisit :
- la meilleure femelle que l'on accouple avec le mâle d'origine qui est à la fois son père et son grand-père.
- le meilleur mâle est accouplé avec la femelle d'origine qui est à la fois sa mère et sa grand-mère.
Les jeunes obtenus feront la troisième génération G3 et formeront 2 lignées :
- La première, la lignée du mâle d'origine, qui en G3 aura 7/8 du patrimoine génétique de celui-ci,
- la deuxième lignée, celle de la femelle d'origine, qui en G3 aura 7/8 du patrimoine génétique de celle-ci.
Par ce procédé, on obtient rapidement une homogénéité dans la descendance de chaque lignée. En croisant les lignées entre elles, on obtient des spécimens qui peuvent rassembler sur les oiseaux qui en seront issus, les caractéristiques que l'on aura fixées dans ces lignées.
Personnellement, je ne pratique pas de cette façon dans mon élevage car non seulement on perd la fécondité, mais les dégénérescences nous guettent. Ceci nous met rapidement dans l'obligation de réintroduire du sang neuf, et cela continuellement. Alors, plus ces apports sont importants, plus les caractéristiques propres à notre souche seront difficiles à préserver.
Toutefois, je voudrais préciser, pour clore ce qui précède, que si je me trouvais dans la situation de voir apparaître dans mon élevage une nouvelle mutation, je n'hésiterais pas une seconde à appliquer cette méthode qui est celle avec laquelle j'aurais le plus de chance de fixer cette mutation, qu'elle soit dominante, liée au sexe ou récessive.
Il existe encore une autre méthode :
On accouple un très bon mâle avec trois bonnes femelles, puis celui-ci avec ses filles et ainsi de suite.
Tous les issus en G3 auront 7/8 du patrimoine génétique du mâle d'origine et 1/8 de celui de leur mère d'origine. Selon le même principe, on accouple les descendants en G1 entre eux, ce qui fait demi-frère sur demi-sœur.
Mâle origine 50%
Mâle origine 50%
Mâle origine 50%
FEMELLE B 25%
FEMELLE C 25%
FEMELLE A 25 %
FEMELLE A 12,5%
FEMELLE B 12,5 %
FEMELLE C 12,5 %
FEMELLE C 12,5%
FEMELLE A 12,5%
FEMELLE B 12,5%
En G3, les issus ont 50% du patrimoine génétique du mâle d'origine, les 50% restants proviennent des femelles A, B, et C suivant les accouplements ci-dessus.
Mais on aboutit rapidement à l'obligation de réintroduire du sang neuf. C'est ce que je veux éviter car je me rends compte, comme je l'ai dit plus haut, qu'en introduisant des éléments d'un autre élevage dans une souche bien homogène, je peux y introduire des éléments manquants mais aussi des éléments non recherchés. Il faudra de nouveau les supprimer par la sélection ce qui n'est pas simple !
De plus, si j'introduis un grand nombre d'oiseaux étrangers à ma souche cela devient impossible à gérer et risque de ruiner mon élevage qui deviendrait alors une collection d'oiseaux hétérozygotes.
Comme mon but n'est pas seulement de produire des oiseaux approchant du standard, mais aussi de réduire le nombre d'oiseaux hétérozygotes, donc d'obtenir des oiseaux homozygotes qui transmettront leurs caractéristiques le plus fidèlement possible, je suis dans l'obligation de veiller à ce que la consanguinité ne soit pas trop proche.
LA CONSANGUINITÉ AU TROISIÈME DEGRÉ ET PLUS :
Le terme de consanguinité, quoique juste, me déplaît et je préfère celui de patrimoine génétique; en effet, l'élevage ne se limite pas à accoupler des sujets à parentés plus ou moins proches, pour obtenir le même sang.
L'élevage c'est avant tout la sélection, mais que sélectionne-t-on ? des caractéristiques, mais lesquelles ? :
- des caractères physiques (taille, corpulence, couleur...).
- des caractères psychiques (oiseaux calmes pour le concours, sociables pour l'élevage, fiers pour la posture...)
- et un caractère que l'on oublie trop souvent, celui de la fécondité.
Combien de fois cédons-nous des oiseaux parce que nous savons que les parents sont très productifs; nous en cédons au point que, lorsque vient le moment d'accoupler la saison suivante, nous nous rendons compte alors qu'il ne nous reste plus de jeunes de ce couple; et... si le manque de chance nous poursuit, les parents ne "marchent" plus la saison suivante...
Voilà déjà le conseil que je peux donner : ne vous séparez pas de tous les oiseaux issus de parents productifs. Et si vous hésitez entre un oiseau qui a beaucoup de frères et de sœurs et un oiseau unique obtenu avec difficultés, gardez plutôt celui qui a de nombreux frères et sœurs, ce n'est qu'ainsi que vous pourrez garder une souche féconde.
Par ailleurs, il sera plus facile de créer une lignée puisque les descendants auront beaucoup d'oncles et de tantes, donc de cousins et cousines et, par la suite, de petits cousins et petites cousines.
Vous aurez ainsi à votre disposition suffisamment d'oiseaux pour faire vos accouplements futurs.
COMMENT PROCÉDER POUR LES ACCOUPLEMENTS :
Tout d'abord, il n'y a pas de règle rigide, ce n'est pas une application mathématique; il ne faut retenir que le sens.
Comme cité ci-dessus, j'accouple au troisième degré et au-delà, c'est-à-dire souvent entre petit cousin et petite cousine, ou nièce et grand-oncle tout comme petit-neveu et grand-tante, etc...
Pour cela, je me sers souvent de l'informatique, puisque mon programme d'élevage me permet d'obtenir les pedigrees jusqu'aux arrière-grands-parents.
Un de mes accouplements préférés est, de mettre ensemble deux sujets ayant parmi leurs ancêtres des arrière-grands-parents communs.
Les grands-parents A/B, C/D, E/F, G/H ont sûrement des frères et sœurs qui ont des descendants; ces descendants sont en parenté au troisième degré avec l'oiseau final. C'est donc parmi eux, que l'on choisit le partenaire pour l'oiseau final. Si l'on sélectionne le partenaire parmi les descendants des frères et des sœurs des arrière-grands-parents A, B, C, D, E, F, G, H, c'est encore mieux.
On peut également accoupler l'oiseau final (ici un mâle) avec une sœur d'un des grands-parents (grand-tante).
COMMENT CRÉER UNE LIGNÉE :
Avec tous les oiseaux exceptionnels de mon élevage, j'essaie de créer une lignée, en appliquant exactement ce que je viens d'expliquer. Je recherche, si l'oiseau en question est un mâle, toutes les grand-tantes et toutes les petites cousines encore présentes dans mon élevage et je choisis la partenaire la plus appropriée à faire ressortir les qualités qui rendent cet oiseau exceptionnel, pour, non seulement transmettre, mais aussi fixer les caractères dans sa descendance.
Evidemment, si l'oiseau exceptionnel est une femelle, je recherche un partenaire dans ses grands-oncles ou petits cousins d'où, l'intérêt de garder plusieurs oiseaux frères et sœurs de couples prolifiques plutôt que plusieurs oiseaux uniques, même s'ils sont de bonne qualité.
POUR CONCLURE :
Vous pouvez avoir la chance d'obtenir un oiseau exceptionnel, d'un accouplement génétique commun; malheureusement, cet oiseau sera presque toujours un oiseau sans lendemain. Je veux dire que cet oiseau est hétérozygote, c'est-à-dire que ses qualités apparentes ne sont pas fixées, donc pas ancrées dans ses gènes, ce qui fait qu'il ne transmettra que très partiellement ses caractères à sa descendance.
Un des buts de l'élevage, est de produire des oiseaux proches du standard mais chacun voit l'idéal à sa façon, qu'importe! Si vos oiseaux gagnent régulièrement les concours dans lesquels vous les engagez, c'est que vous êtes sur la bonne voie; il faut maintenant uniformiser votre souche et, au risque de me répéter, pour uniformiser, il faut que vos oiseaux aient un patrimoine génétique commun (qu'ils soient homozygotes).
Souvent, en voyant un oiseau dans un concours, on peut dire qu'il vient d'untel, parce que les grands éleveurs ont réussi à obtenir cette homogénéité dans leur souche. A force de fixer des caractéristiques semblables, leurs oiseaux sont tellement typés que l'on peut facilement les reconnaître parmi les autres.
Derniers conseils : La sélection doit être pratiquée de façon rigoureuse. On sélectionne un oiseau parce qu'il est bon et non parce qu'il a pour habitude de se percher sur votre épaule quand vous entrez dans la volière!
Pour garder une souche féconde, pensez à garder suffisamment d'oiseaux issus de couples prolifiques.
Article extrait du " Bulletin de l'ondulée "